Discrimination féminine au recrutement dans l’univers moto

Chloé Hortig est :

    • déterminée : elle sera mécanicienne moto,
    • passionnée : la moto lui colle à la peau depuis toujours,
    • persévérante : la moto lui a donné la force de persévérer depuis 3 ans dans sa recherche d’une entreprise pour un contrat d’apprentissage, persévérante car :
    • Chloé est une femme.

 

Comme cela peut sembler caricatural, théorique, écrit ainsi, à froid. Que nenni : j’ai décidé de faire ce papier, où il n’est ni question d’innovation moto, ni d’endurance ou de rallye routier, qui sont les thématiques clés de Nova Moto, simplement en lisant 2 posts hier soir tard.
Et j’ai bien fait de ne pas l’écrire « à chaud ». Mais pour rester néanmoins fidèle à mon ressenti, voici mes notes :

« Incroyable ! À la lecture de ce post Facebook -merci de vos partages David Dumain (Produm1, Sans Concession) et David Morcrette (Le Repaire des Motards) -ouf, deux hommes, tout n’est pas perdu !- mon cœur s’emballe, je suis soufflée, presque bouleversée. Je ne suis pas féministe, et je respecte profondément les femmes qui ont lutté de toutes leurs forces pour obtenir des droits dont nous profitons toutes aujourd’hui, et je me sens mal de revoir ces sujets plus que jamais d’actualité.

Et là, à lire le témoignage de Chloé, 3 ans d’efforts, de démarches constantes -je suis convaincue de son acharnement !- je me dis qu’il faut réagir.  En particulier au propos « je vais dire quoi à mes clients, quand ils apprendront que c’est une gonzesse qui a réparé leur moto ?», dont l’auteur oublie que 30 % des 2RM sont entre les mains … d’une femme. Comme c’est inadapté, pour ne pas dire traitre ! Ou alors les femmes seraient-elles juste reconnues pour dégainer leur CB ? Après s’être laissées « conseiller » par … STOP,  je ne veux même pas entrer dans ce débat.

La persévérance paie, je le sais, l’ai expérimenté, j’en suis convaincue, en revanche, lutter contre un système peut juste être source d’épuisement. À moins de 20 ans, c’est juste inacceptable !

A chacun de s’impliquer davantage pour que le changement opère. J’ai envie de t’aider Chloé, un papier, c’est peut-être futile, inutile, c’est déjà un début, si j’en crois les quantités de commentaires sur ton post.

Tu m’as ouvert les yeux sur quelque chose que je ne vois pas -ou n’ai jamais eu besoin de voir ?  Ou pas voulu voir ?
Je me sens mal à l’aise, j’avoue, à moto, je me sent juste …motard. À te lire je me sens bien naïve maintenant. »

 

Alors laissons la parole à Chloé :

Et maintenant ?

Chloé est-elle tombé sur les « mauvais numéros » ? Serait-ce une tendance géographique de l’homo-motardus du Sud-Ouest de la France ? Pendant trois ans, on peut en douter. Il serait dommage de généraliser, car les hommes ne méritent pas que l’on les stigmatise ainsi. J’ai eu la chance de faire beaucoup de belles rencontres en des décennies de pratique moto, et depuis 2011 en créant Nova Moto, dont les clients qui m’ont offert leur confiance sur des produits très techniques, sont dans une large proportion, des hommes. Il y a quelques femmes dans le business moto, dans l’événementiel, et de plus en plus qui sont sportivement compétitives. Quel que soit le contexte, toute personne, homme ou femme, doit faire ses preuves, pas que dans la moto.
Simplement ici, il s’agit d’ouvrir une porte et de donner sa chance à une jeune femme, et oui, innover, encore une fois !

Le vécu de Nova Moto permet de dire que l’innovation fait vibrer autant qu’il suscite des réticences, mais ceci est un autre sujet, avec une constante : seul un esprit pionnier est disposé à faire confiance et à se lancer d’emblée, sans attendre que d’autres aient testé, ou sans que cela deviennent une généralité.

Quelques rares femmes ont su faire leur place en mécanique moto, au sein de teams, comme Marine Charié au sein du Suzuki Junior Team en endurance. Les soirées « Garages Parties » initiées par Harley Davidson, justement pour construire de l’image, créer du lien et …répondre à une demande de connaissances techniques de la part des motardes,  se multiplient. Sur les surfaces de vente d’équipement du pilote, d’accessoires d’abord, puis de motos, les femmes sont de plus en plus nombreuses. L’atelier est le dernier rempart à franchir, pour les clients aussi d’ailleurs dans certaines concessions… l’antre du savoir, d’où les difficultés rencontrées.

 

Un petit mot pour Chloé

Les étapes difficilement franchies nous construisent, et ce qui suit est généralement d’autant plus savoureux. Tu as eu une attitude intelligente d’avoir cette démarche. Ton message retranscrit bien sûr l’agacement, l’incompréhension, il reste constructif, respectueux, rien que pour cela tu es écoutée. Les personnes qui ont pu avoir ces réactions ne te méritaient de toutes les façons pas ! Ce ne sont pas juste des mots, c’est que ces interlocuteurs n’étaient pas prêts et ton expérience aurait été marquée négativement. Tout est à construire à 19 ans, contrairement à ce que je pensais à ton âge, un an n’est rien dans une vie. Garde ton cap, c’est un bonheur que de savoir ce que l’on désire, tu verras, un jour -j’espère très vite- tu en souriras, et surtout tu pourras être fière de ta réalisation. Bonne chance Chloé!

Texte : Isabelle Maillet
Post Facebook et Photo : Chloé Horgit, avec son autorisation de publication

 

Mise à jour 18 06 2020 : Ravie des échanges eus avec mes contacts moto depuis l’édition de cet article, d’ailleurs que des hommes pour l’instant… dont la sincère tristesse de Bruno Pasqualaggi, Sportmoteur.com, qui connait trop bien ce sujet, car sa fille a choisi une voie atypique, technique, non défrichée par les femmes : l’ébénisterie d’art.
Et une pensée particulière à ceux qui s’engagent et contactent Chloé : à vos téléphones et claviers, merci beaucoup pour elle !!

 

 

Une opportunité pour Chloé ? Prenez contact !
 

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