24H Motos – Focus hors champ de caméras, sur les commissaires de piste !

Ce papier sur les 24H sera légèrement différents des articles habituels post-course d’endurance. Et pour cause ! J’en ai mis du temps pour l’écrire, en attendant le moment pour avoir le mot juste, et le recul suffisant pour ce papier. En effet, le focus ne sera ni sur les teams, ni sur les rebondissements de course -et on en eu sur cette édition !- mais hors champs des caméras, dans les VS -voies de sécurité pour les initiés- et …le gravier, focus sur les personnes qui restent dans l’ombre malgré leurs combis fluo : les commissaires de piste.
Vous êtes prévenus, ce papier sera ORANGE !

12 ans de Nova Moto le Mag avant ce sujet « commissaires » ?

L’objectif n’a jamais été ici de parler de sa rédactrice et de ses activités, excepté pour les essais d’accessoires où forcément je me suis toujours engagée. De plus, 10 ans se sont écoulés depuis le dernier engagement comme commissaire de piste, au profit d’interventions comme commissaire de stand ou d’autre missions, voire uniquement de présence sur les éditions pour Nova Moto le Mag. Eh bien oui, commissaire-rédacteur nécessite une bonne organisation, et aussi une bonne résistance physique 😉 Et, j’avoue être dans les stands permets de gérer plus facilement les deux.

Alors, pourquoi ce retour dans les VS ?

Simplement par manque de contact avec ce qui est clé pour moi, l’expérience de la moto en dynamique. Bien sûr, sur circuit, l’on est un peu plus loin des machines en action qu’en course de côte, mais c’est, après avoir fait le tour de beaucoup de fonctions autour de la course -cherchez un peu, tout est sur Nova Moto !- le meilleur spot pour les amoureux de la moto et de la course.

Une expérience humaine mémorable

Le sujet suivant était : avec qui ? Aucune hésitation : ma première édition des 24H Motos en 2006 -pardon les amis, OCP depuis le 9 octobre 2004, 2005 uniquement Bol et WSBK Magny Cours- avec une belle équipe qui m’a fait faire mes premières inters, et toujours offert un accueil chaleureux sur les éditions avec ou sans chasuble piste, notamment un fil rouge : Jean-Jaques Pietri, validé Directeur de course depuis peu, qui profite actuellement pour former la relève ! On s’était dit à plusieurs reprises, le retour dans les VS sera ensemble, donc cette édition d’avril 2023, c’était maintenant ou jamais !

Cela aurait pu rester perso, l’envie de ce papier est née surtout par le fait de changer presque totalement d’équipe, et de me rendre vite compte que ce moment sera mémorable.

Après 10 ans, il y a forcément des départs, des changements de fonctions (vers le tech’ pour certains), des absents…

C’est aussi une endurance que de s’organiser personnellement pour être présents sur ces éditions, et tenir dans la durée n’est pas toujours aisé ! Merci à nos conjoints et familles au passage 😉

Sans tout détailler, car cela est propre à notre équipe, j’aimerais simplement témoigner que ici tout a été mis en oeuvre pour accueillir chaque membre, quel que soit son profil et son expérience, son organisation personnelle. Pour être parfois arrivée sur des événements avec le strict nécessaire, voire moins, la logistique dont certaines personnes sont capables m’impressionnera toujours.

D’autant plus précieuse quand la météo ne joue pas le jeu, comme sur ces 24H 2023, et que notre poste est à quelques pas : entre 9 et 13 km parcourus à pied par jour. Quand on aime… ! Autant dire que dans ces cas, l’humour et la camaraderie permettent de mieux passer entre les gouttes. Mais après quoi court un commissaire ??

Vendredi, 16H15, enfin au sec, après 9H sous la pluie, 1ère manche PMR (Handy Race Bridgestone) annulée.

Engagement oui, quid de la motivation et de la …récompense ?

Réponse directe : pas après les sous ! Nous sommes tous bénévoles, et même si certains circuits proposent un petit dédommagement, cela reste minime, même si c’est toujours bienvenu, quand il faut traverser la France, faire plusieurs pleins, poser au moins 4 jours de congés si l’on veut s’assurer la présence sur les essais et une endurance. Pas de comparatif entre circuits / organisateurs ici, ma conviction est qu’après plus de 13 ans côté public à tenter de m’approcher de la piste, la récompense ultime, le Graal, est d’être au plus près des machines et des Teams, donc : d’être commissaire.

Rien à espérer d’autre, rien à gagner, rien à négocier, juste remplir une mission, sérieuse, car sans nous pas de course. Même si on l’oublie parfois : places réservées pour nos bivouac parfois bien comprimées quand les plans de courses sont optimisés au max, parfois les pieds dans l’eau, et trop souvent dans un vacarme assourdissant -légère accalmie entre 7H et 10H quand les plus excités sombrent enfin dans les bras de Morphée, épuisés.

Perso, du rêve entre 1991 et première expérience piste/stand au Bol à Magny-Cours en 2005, cela n’était pas une histoire de valeur marchande, juste de plaisir, d’émerveillement, de son, d’odeurs, et d’échanges humains, d’adrénaline, de poils qui se hérissent, et d’yeux qui pétillent quel que soit l’état de fatigue. Quand on le vit, l’on sait que les efforts sont récompensés, que cela nous fera tenir jusqu’au bout de la nuit avec vigilance.

Et que dire ce ces moments hors du temps, où l’on croise un regard, où l’on capte un moment ? Nous sommes riches de cela, d’avoir vécu des choses exceptionnelles grâce à ce bénévolat. Toutes ces petites choses, ces rencontres, cette confiance, l’engagement en intervention sans avoir besoin de regarder autour de soi, juste courir et faire ce qu’il faut, en toute confiance. Ou batailler avec des drapeaux rebelles par météo tempétueuse. Et faire aussi l’effort nécessaire pour mériter la confiance des ses camarades commissaires, camarades que l’on protège aussi, en ayant toujours l’oeil et l’oreille attentifs.

Et il y a ces moments où le temps est suspendu, comme les remerciements d’Alex Marquez sur le dernier GP :

 

Parfois, ce sont de tous petits « riens » qui restent dans nos boîtes, pochettes, caves, motos… comme ces 2 goupilles, uniques traces d’une inter’ plus ou moins compliquée, la difficulté s’oublie, le souvenir et la satisfaction d’un travail bien accompli, ou de l’assurance d’avoir fait le maximum, restent.

 

Le lien, au-delà de la camaraderie

L’expérience me permet de partager que ces missions nous exposent à des situations parfois inoubliables, quelquefois dangereuses aussi. Forcément, un lien particulier se tisse avec les personnes qui les ont partagé avec nous.

En arrivant dans une nouvelle équipe, il y a normalement ce moment d’observation : trouver sa place, ses repères. Généralement c’est plutôt côté piste pour les pigeons voyageurs solitaires, et là, je découvre un événement dans l’événement : des retrouvailles de personnes qui se connaissent depuis longtemps, et une organisation millimétrée, allant jusqu’à la soirée crêpes d’une charmante bretonne, Cathy, heureuse de promouvoir sa région. Bon, Isa, pour le Backaoffe sur le paddock, faudra apprendre… je regarde, je prends des notes, déjà heureuse de mon jambon sous blister-tomates-pains de glace qui ont fait le voyage, cette fois !

Je découvre un truc nouveau, déjà bien mesurable dans les échanges avant l’arrivée sur le paddock commissaires, l’investissement de personnes juste pour assurer le confort des autres, n’est-ce pas Damien, Pascal ? Bon, impossible de vous citer tous, j’ai tellement peur d’en oublier, simplement, cette attitude donne forcément envie de faire et donner le max.

Au-delà de cela, l’envie de remercier également quelqu’un qui pourrait finalement apparaître comme une autorité, et c’est l’accompagnement, la formation, la motivation communicative que sa fidèle équipe souhaite récompenser. Eh oui, un chef de poste qui se forme à la direction sportive, va forcément franchir le pas. Alors, une petite surprise est également organisée, malgré l’éloignement et, sur place, les équipes décalées, pas évident de tramer un projet en toute discrétion. Et là aussi, ça roule, même si 35 personnes doivent être impliquées.

Une arrivée mémorable dimanche 15H !

Oh, oui, le damier a eu cette fois une saveur différente, au-delà du sport. Bien sûr, il y a eu le tour d’honneur, la chance de saluer les machines et pilotes qui ont eu l’honneur de « faire » l’arrivée en bord de piste.

Et il y a aussi eu NOTRE arrivée, dans le gravier du Virage 2, une remise du clin d’oeil à notre Chef JJ, avec toute l’émotion et plus encore : haie d’honneur, bises, larmes. Et des salutations tellement prolongées qu’on n’a rien vu du podium ! Mais peu importe, à ce moment, l’essentiel était dans le gravier : ici et maintenant, ce qui est déjà une expérience exceptionnelle.
Et ça n’a pas loupé : Spa est arrivé sur les lèvres. Qui est prévu ? Comment ça se passe en Belgique ? Etc… Ni une ni deux, Damien -car un commissaire c’est forcément réactif !- prend sont portable, et les inscriptions se font au pied levé,  toujours les pieds dans le gravier du Bugatti, un truc de fou je vous dis !

« Retour à la maison », chez moi dans les VS !

Le moment d’échange entre camarades se prolonge, et petit à petit le retour via les stands, avec quelques rencontres au passage. L’endurance est une famille, une belle famille, lorsque nous nous retrouvons, nous savons pourquoi nous sommes là, et ce que l’on a à faire ensemble, chacun dans sa fonction. Cela ne s’explique pas trop, cela se vit.

Personnellement, j’aimerais garder ce moment et cette phrase de Manfred : « Tu es de retour à la maison alors, Isa ! » Tout est dit. A très vite à Spa !

 

Alors, envie de nous rejoindre et de passer de l’autre côté du grillage ?

Comment devenir Commissaire de Piste / Stands FFM FIM

Allez, un mot sur la course des 24H Motos 2023!

Bon, l’édition mérite un mot sur la course, même si les magazines référents d’actu moto sont là pour en couvrir tous les détails. Sur Nova Moto, vous le savez, c’est un flash toujours perso et passionné depuis …2011.

Bien sûr, parmi les moments clés figure la chute monumentale de la moto du SERT dans l’entrée de la Dunlop, avec Greg Black à son guidon. On attendait le retour du SERT dans sa nouvelle configuration avec toujours Damien Saulnier aux commandes opérationnelles, et un management désormais Japonais. Un travail acharné permet à l’équipe de bien sauver les meubles pour décrocher un P7 à l’arrivée.

Les « avions » des teams BMW Motorrad Endurance Team, du Yart et du FCC TSR ont mené leur course de vitesse en tête, la dernière, avec Mike di Meglio, Josh Hook et Alan Techer au guidon a conclu cette 46ème édition avec la première place sur le podium. La constance a payé après la chute de la BMW.

En Superstock, la victoire revient à Tecmas MRP BMW Racing Team, devant 3 ART Best Bike et … No Limits, le Team Italien bien sympathique, désormais sur Honda, avec aux côté d’Alexis Masbou, Lorenzo Gabellini, un pilotes français dont vous avez déjà entendu parler ici, ancien pilote du Team 18 Sapeurs-Pompiers : Johan Nigon ! Belle perf’ pour cette équipe, et ce n’est pas fini, la saison dernière l’a montré, l’équipe de la #44 a des ressources et ne compte pas s’arrêter là.

Un mot sur les « Rouges », la chance n’a pas été aux côté de l’équipe du Team 18 Sapeurs-Pompiers, Championne du Monde Superstock cette fois, grosse chute en début de course, serrage à 2H du matin, c’est l’abandon.
RDV à Spa en juin pour la suite !

Texte : Isabelle Maillet
Photos : Isabelle Maillet,  excepté Photos post Facebook Alex Marquez : Jean-Jacques Pietri

Pour vous replonger dans les éditions précédentes :

Lire tous les articles sur EWC FIM
 

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